Des plus anciens textes bibliques aux plus récentes réalisations hollywoodiennes, les productions culturelles à travers les époques, tout comme beaucoup de récits populaires furent régulièrement hantés par des perspectives apocalyptiques. De l'arche de Noé à l'apocalypse de l'évangile selon St-Jean, aux craintes de cataclysmes nucléaires en passant par Mad Max, Walking Dead et la Servante Écarlate, une menace de fin du monde fit toujours partie intégrante de la culture, comme expiation potentielle face aux inconduites des Hommes.
L'étymologie du terme apocalypse est tout à fait intéressante. Elle renvoie à la fois au grec et au latin et signifiait à l'origine « révélation » : la vision, la promesse d'un monde meilleur suite à la purgation de nos péchés. Une rédemption salvatrice, mais qui ne pouvait voir le jour qu'après une dévastation cathartique de l'humanité visant à en laver les fautes.
Or, même dans les pays occidentaux d'aujourd'hui, tout comme dans tous ceux où l'idéologie religieuse n'est plus l'idéologie dominante, la notion d'apocalypse est toujours présente. Elle joue le même rôle, mais sur un mode désacralisé. Aujourd'hui, nos « péchés », ce sont notre manque de considération pour la planète, les changements climatiques causés par l'activité de l'homme, les dérives des démocraties devant la montée de mouvements d'extrême droite, le terrorisme, la financiarisation de l'économie aux dépens de la production « réelle », l'écart effarant et croissant entre les riches et les pauvres, etc. (et j'en oublie sûrement!).
Ainsi, même si l'apocalypse n'a plus aujourd'hui son sens religieux de l'époque, elle exerce la même fonction : la menace de catastrophes cathartiques si nous ne mettons pas fin à nos incuries.
En fait, l'Apocalypse est un projet : changer le monde sous la menace d'une extinction de la vie humaine et de la société. La menace sert de justification au projet de transformation de nos façons de vivre.