Dans la foulée de la COP-26, l’environnement : une opportunité pour les marques [1]
Quatre personnes sur cinq au Québec (79 %) pensent que « nous sommes en train de tout détruire sur la planète »!
Non seulement cette malheureuse idée fait-elle presque consensus au sein de la population québécoise, mais la proportion des gens qui partagent cet avis n’a cessé d’augmenter au cours des quinze dernières années (64 % en 2004), pour se stabiliser en 2020 avec la pandémie.
[1] Il s’agit ici d’une mise à jour d’un texte publié sur le site web de CROP le 27 septembre 2019
L’apocalypse écologique
Québec, 2004-2021, Étude Panorama 2021
LA CONTRIBUTION À L’ENVIRONNEMENT
Québec, 2009-2021, Étude Panorama 2021
Il est intéressant d’observer ici l’impact des crises sur la motivation à prendre la cause de l’environnement en main. Au lendemain de la crise financière de la fin des années 2000 tout comme à partir du début de la COVID-19 en 2020, on voit cette motivation décroître. Pendant ces périodes, l’attention des gens se porte sur l’économie. Alors que lorsque l’économie prend du mieux de 2013 à 2019, une attention renouvelée est portée à l’environnement. On peut certainement faire l’hypothèse ici que cet indicateur va repartir à la hausse dans les années qui viennent, dans un contexte de relance post pandémie.
Notons que le graphique précédent ne prend en considération que les gens tout à fait en accord avec notre question, ceux que nous considérons comme les plus engagés envers la cause.
Cependant, même les gens qui sont plutôt en accord avec notre question démontrent un certain engagement, quoique moins prononcé. Que l’on pense à la popularité du recyclage au Québec, de l’utilisation des sacs d’épicerie à usages multiples, etc., une multitude de petits gestes se sont imposés en forgeant dans l’esprit des gens un minimum de conscience environnementale (si on tient compte de tous les gens en accord cet question, on obtient 87 % des Québécois en 2021).
Donc, force est d’admettre que les problèmes écologiques de la planète, les changements climatiques et ses conséquences sont devenus des préoccupations très importantes pour les Québécois.
D’importantes différences selon l’âge
Même si ces données font état d’un large consensus auprès des Québécois (des proportions de l’ordre de 80% à ces deux questions), les indicateurs mesurés varient significativement selon l’âge, et de façon inversement proportionnelle selon l’indicateur.
En fait, les gens plus âgés sont moins portés à croire que la planète court à sa perte, mais ils ont davantage tendance à poser des gestes concrets dans leur vie quotidienne pour diminuer leur impact sur l’environnement.
Inversement, les plus jeunes (18-34 ans) sont significativement plus portés que les 55 ans et plus à être d’accord avec cette idée voulant que la civilisation actuelle soit en train de tout détruire à la surface de la planète (respectivement 85 % contre 75 % et 36 % contre 22 % pour les tout-à-fait en accord). Notons tout de même que les proportions de gens d’accord avec l’idée sondée demeurent très élevées, peu importe les groupes d’âges.
Parallèlement, la proportion des Québécois d’accord avec l’affirmation voulant qu’ils fassent des efforts pour réduire leur impact environnemental passe de 79 % chez les 18-34 ans à 92 % chez les 55 ans et plus, une variation qui est principalement attribuable aux gens plutôt en accord avec notre item.
Cette hésitation, même minime, des plus jeunes à faire des gestes concrets pour l’environnement nous apparaît aussi très significative d’un point de vue sociologique. Les plus jeunes sentent un peu qu’ils n’ont pas nécessairement tous les leviers pour avoir un fort impact sur les enjeux reliés aux changements climatiques. Mais ils perçoivent aussi que les gouvernements, les institutions, les entreprises et les marques ont des moyens qu’ils n’ont pas pour faire une réelle différence face à ces enjeux. D’où ces mouvements de protestation des jeunes dans les rues des grandes capitales du monde. Ils appellent tous ces intervenants à prendre action avec les moyens qu’ils sont en mesure de déployer.
Une mouvance progressiste à plusieurs égards
Par ailleurs, il est très intéressant d’observer le contexte des valeurs personnelles des gens selon leur niveau d’engagement à l’égard des enjeux écologiques de leur époque. Le tiers des Québécois se disant fort engagés à poser des gestes pour l’environnement (31 %) sont très fortement motivés par des valeurs progressistes sur de multiples dimensions (telles que mesurées par notre programme Panorama).
Fondamentalement, ils expriment un idéalisme d’épanouissement personnel qu’ils espèrent accessible pour tous dans la société, d’égalité des chances accessible à tous.
Ces « engagés » expriment une haute sensibilité envers les autres et envers la diversité sociale, tout en se sentant très mobilisés par tous les enjeux liés à la responsabilité sociale. Les enjeux environnementaux sont certainement vécus comme des menaces bien réelles pour les gens et les communautés, tout comme pour l’humanité dans son ensemble.
La famille est aussi très importante pour eux. Certains se demandent avec anxiété ce qu’il adviendra des prochaines générations dans un contexte de changement climatique. On remet en question ici le legs que l’on risque de laisser à ces prochaines générations.
En fait pour ces gens très engagés, c’est tout le potentiel humain – le leur personnellement comme celui de toutes les sociétés – qui sera hautement grevé si des gestes concrets et ambitieux ne sont pas posés rapidement pour limiter l’empreinte carbone de l’activité humaine.
Les conditions pour un mouvement de masse
Dans la foulée de cette conférence de la COP26, Il serait certainement souhaitable qu’une plus grande proportion de la population accepte de mettre la main à la pâte pour tenter de réduire son impact sur l’environnement.
Si 31 % des Québécois sont tout à fait d’accord pour affirmer qu’ils posent des gestes en conséquence, plus de la moitié (56 %) se disent plutôt en accord avec cette même affirmation.
LA CONTRIBUTION À L’ENVIRONNEMENT
Québec, Étude Panorama 2021
C’est dire que leur contribution est probablement minimale (même si c’est mieux que rien).
Par ailleurs, un examen approfondi des cordes sensibles et postures mentales de ces derniers nous indique qu’ils n’ont pas le sentiment d’emprise suffisant pour avoir l’impression que leurs actions quotidiennes peuvent vraiment faire une différence face aux enjeux écologiques de l’époque. Il se sentent plutôt dépassés par l’ampleur et par la complexité de ces derniers.
Ils ont plutôt tendance, tout comme une part des jeunes générations, à croire que ce sont les entreprises, les marques et les institutions qui ont les moyens d’avoir un impact significatif sur ce genre d’enjeux.
Si on veut mobiliser des masses de cette ampleur, créer un élan d’action et d’engagement populaire majeur autour des enjeux climatiques, qui pousserait de grands pans de la population à poser des gestes concrets et de façon régulière, il faudra certainement des leaderships institutionnels et entrepreneuriaux pour les y convier.
Une opportunité pour les marques (les entreprises comme les institutions).
Devant l’ampleur du défi que le réchauffement climatique pose à l’humanité, toutes les organisations seront les bienvenues pour venir proposer leurs contributions. De plus, compte tenu du lien émotionnel particulier qu’ont certaines marques avec les consommateurs, ou qu’elles rêvent d’avoir, l’opportunité de s’engager sur ce terrain est manifeste. Et il ne s’agit pas uniquement de marques strictement commerciales : les marques citoyennes, les OBNL et les institutions peuvent aussi y trouver les mêmes opportunités
En fait, cette opportunité pour les marques peut s’exprimer sur trois grands registres de motivations :
initier un projet qui sera bénéfique pour l’environnement, le réchauffement climatique, etc.;
convier ses partie prenantes (usagers, clients, etc.), créer des communautés d’action;
donner un sentiment d’emprise aux participants : ensemble on peut faire une différence!
Nos résultats sont clairs à ce sujet. La sensibilité est au rendez-vous pour une très importante partie du marché, de la population. C’est le « comment » qui n’est pas évident pour plusieurs, et surtout le sentiment que sa contribution personnelle ne pèsera pas lourd devant l’immensité des enjeux dont il est question.
Le leadership des marques, créant des mouvements, unifiant les usagers et les parties prenantes derrière de mêmes objectifs, leur donnant de l’emprise, y contribuant avec des ressources significatives, peut justement donner un élan à tous ces gens qui ne croient pas pouvoir en avoir la possibilité.
La fidélité et l’attachement à ces marques n’en seront que rehaussées et la planète pourra aussi, espérons-le, s’en porter mieux.