Le changement est devenu l'un des constituants les plus fondamentaux des sociétés modernes. L'évolution technologique est certainement l'un des principaux moteurs des transformations que l'on vit, mais il n'est certainement pas le seul. L'immigration, la diversité sociale, la mobilité des gens, la compétitivité des marchés, la financiarisation de l'économie, le climat, etc., la vie se transforme et se complexifie de jour en jour. Tous ces phénomènes ont des impacts bien réels sur la vie quotidienne des gens.
De plus, non seulement nous vivons une période de changement unique, mais le rythme de ce changement ne cesse de s'accélérer. Sur le plan technologique, comme je l'ai déjà cité dans l'un de mes textes précédents, on peut certainement rappeler la loi de Greg Moore d'Intel qui voulait que la capacité des microprocesseurs double tous les deux ans, ouvrant ainsi la voie à un potentiel exponentiel de développement des applications!
Si l'on part des premières traces d'outils en pierre taillés il y a environ 2,5 millions d'années, à la maîtrise du feu à 450 000 ans avant notre ère, au début de l'agriculture il y a environ 10 000 ans ou à l'invention de la roue il y a 5 500 ans, on constate que le progrès technique a opéré de façon fort lente dans l'histoire.
Ce qui est tout aussi vrai pour la circulation de l'information. De Gutenberg avec ses caractères métalliques mobiles d'imprimerie en 1452, il fallut attendre 1894 pour la radio, 1926 pour la télévision, 1938 pour l'ordinateur, 1981 pour le PC (IBM) et 1989 pour le web (www).
Mais depuis, le « progrès » technique s'est de toute évidence emballé. Pour les années qui viennent, on parle d'une généralisation de l'internet des objets, de l'intelligence artificielle, des chaînes de blocs et de la cryptographie quantique (aouch)! Et ce rythme d'innovation n'ira qu'en s'accélérant (la loi de Moore encore).
Parallèlement à la technologie, le tissu social se transforme aussi radicalement sous nos yeux. Les conflits, la pauvreté endémique et les changements climatiques poussent des populations de plusieurs régions du monde à migrer vers les pays occidentaux où la vie est plus clémente. Cet apport migratoire vient notamment poser des enjeux identitaires chez les populations locales, nourrissant ainsi la montée des mouvements populistes.
Le tout sans oublier les changements climatiques avec toutes leurs avaries.
Le but ici n'est pas d'énoncer tous les défis de l'époque, mais bien de présenter le contexte dans lequel on peut interpréter les résultats de ma question de sondage de cette semaine.
En effet, ce nouveau thème porte sur l'attitude des gens à l'égard du changement. À l'énoncé « Le changement, c'est un problème : il est très difficile d'en suivre le rythme », un Canadien sur deux est en accord (50 %), alors qu'un sur deux est en désaccord. Cette question, et la réalité qu'elle aborde, divise donc de façon étonnante la population canadienne. Ainsi, une moitié d'entre nous « subit » le changement comme une fatalité qui s'abat sur l'époque, alors que l'autre voit des possibilités se décupler pour la société et pour nous-mêmes personnellement.
Soulignons aussi qu'il y a très peu de différences régionales sur ce sujet, à l'exception du Québec. En effet, « Joie de vivre » oblige, on observe une différence de presque dix points d'enthousiasme face au changement entre le Québec et le reste du pays (respectivement 57 % en désaccord avec l'énoncé contre 48%).